Haïti : organisation des élections et crédibilité

06/04/2015

Haïti : organisation des élections et crédibilité

Le nouveau conseil électoral provisoire (CEP) lance le coup d’envoie pour les prochaines joutes électorales en Haïti. Toutefois ce coup de sifflet semble peu suffisant pour convoquer le peuple dans ces comices. Car la publication officielle du calendrier électorale et l’agrément de 166 partis politiques éligibles à participer  aux élections est loin de garantir la tenue des élections. Et encore moins la crédibilité de ces dernières, en cas où elles se réaliseraient.

L’actuel CEP, comme tous les autres institués dans le passé, souffre d’une déficience de crédibilité. Mais celui-ci risque d’atteindre le stade anémique sévère en termes de fiabilité. Alors que des responsables des partis s’interrogent sur l’applicabilité du calendrier électoral, qui prévoit d’organiser les élections en trois temps, le problème de crédibilité resurgit dans les débats.

Le 6 Février dernier, à l’Université Quisqueya de Port-au-Prince, l’ex mandataire de l’OEA a confirmé la manipulation des élections de 2010 par un trio de la communauté internationale (La France, les USA et le Canada). Une déclaration dont la véracité a été reconnue par Jose Miguel Insulza, le secrétaire général sortant de l’OEA, lors de sa rencontre le 23 mars dernier avec les dix sénateurs de la république. Toujours dans la logique de soit disant franc-jeu, l’ancien directeur du CEP de 2010 et président de l’actuel CEP, Pierre-Louis Opont, admet que les résultats publiés en 2010 n’ont pas été ceux transmis au CEP.

En réaction à ces déclarations scandaleuses, les chefs et leaders de partis politiques envahissent les médias pour exprimer leur scepticisme à la tenue de bonnes élections dans le pays. Toutefois, ces acteurs politiques s’attardent encore, à remettre en question leur contribution à ce carcan. Ils refusent de s’attaquer à la racine du mal, qui n’est autre que financière. Car les apports financiers nécessaires à l’organisation des élections proviennent, en grande partie, du fond de la communauté internationale. Donc par principe, la prise des décisions leur revient.

La réaction des politiciens haïtiens s’inscrit, à l’accoutumée, dans une logique théâtrale. Ils rejettent leur rôle de guide pour embrasser le comportement de victime. Ce qui leur permet de mieux jouer sur deux tableaux : l’international et le national. D’ailleurs le manque de sens de responsabilité de ces politiciens s’accorde parfaitement avec le nombre de partis inscrits pour les prochaines élections.

Presque cinq ans après les pagailles électorales de 2010, ayant conduit à l’avènement de Michel Martelly en Haïti, la deuxième république du continent américain risque d’alourdir son palmarès d’élections frauduleuses niant les principes démocratiques. Et quant au silence de la majorité perdante, en occurrence la couche défavorisée, il porte à équivoque.

 

 

 

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